Étape 58 – Le Diben / Le Prajou

Le dimanche 5 décembre 2021

19 kms

Marche en compagnie de Jacky et de Florence avec la participation de Michel

Texte rédigé par Jacky

Il est 9h00. Gwenaëlle m’attend en bas de l’immeuble à Morlaix où m’hébergeait mon ami Michel qui nous a si bien reçus la veille pour partager le dîner. Un repas copieux agrémenté d’un très bon vin blanc de Gascogne et de son homologue rouge. Ce fut très bon !

Je ne soupçonnais pas l’effet délétère de ce riche moment sur la nuit à venir. Impossibilité totale de m’endormir. Insomnie totale ! Une heure du matin, deux heures, trois, quatre, cinq, six, sept heures! Pas une seule minute de sommeil ! 

9h00 du matin, Gwenaëlle m’attend ! Je vis cette journée comme un défi à relever !

Gwénaëlle me sourit, je monte dans la voiture. Nous nous dirigeons vers le port de Diben situé à 25 minutes de route. Je ris jaune en moi-même. Que retiendra mon esprit embrumé de cette balade qui m’apparaît comme un exploit sportif difficilement tenable.

Nous arrivons sur le parking du port où nous rejoint Florence qui partage avec nous ce moment d’aventure. Nous voilà partis tous les trois.

Impression soleil levant. A vrai dire, pas vraiment. La lumière est faible, le temps maussade et gris. Nous cheminons dans une atmosphère de Toussaint. Personne aux alentours. Nous arrivons à hauteur du cimetière des bateaux dans l’anse de Diben. Un vent violent et omniprésent souffle et siffle dans les drisses de vieux navires de pêche à l’agonie, accentuant une vision fantomatique de fin des temps. Sentiment de solitude, de désolation, de terre hostile et inhospitalière. 

Notre marche se poursuit dans la traversée de zones habitées, sans habitants visibles, et nous rejoignons le chemin côtier que nous arpentons. Progressivement, kilomètre après kilomètre, nous entrons dans un autre monde. Un monde abrupt et sauvage, préservé. Le vent souffle toujours fort. Ici très clairement les éléments ont le dessus sur nous les hommes. Comment décrire ce sentiment, celui de la rencontre entre la vertigineuse grandeur de la nature et celui de notre petitesse, grandiose et miraculeuse. Magnifique chemin au cœur de landes, presque montagnard, qui nous mène vers le point d’orgue de notre randonnée : la pointe de Primel. Gwenaëlle aguerrie par 1200 kilomètres de marche depuis son départ d’Arzal en janvier nous précède et rythme notre progression. Tantôt Florence me précède, tantôt je marche devant elle. Splendides visions autour de nous, rochers fantastiques, invraisemblables chaos tectoniques de granit rose qui nous rappellent que la côte de granit rose n’est qu’à quelques encablures. 

Le temps se dégage, le soleil illumine le ciel et restitue la couleur. Depuis la pointe un panorama en cinémascope s’offre à nous. Gwenaëlle me décrit ce que nous voyons au loin : l’île de Batz, Saint Pol de Léon et que sais-je encore. Je ne retiens pas grand-chose à vrai dire. Je ne suis qu’impression, submergé par le spectacle !

Nous poursuivrons ainsi notre route sur le GR34. Sur le chemin qui descend de la pointe de Primel à la grande plage de Primel-Trégastel j’ai le sentiment, au cœur de ce paysage grandiose et sauvage, de traverser le Far-West. Primel-Trégastel en Plougasnou m’apparaît comme une station balnéaire sans charme et je suis heureux de retrouver rapidement le chemin côtier qui nous mènera quelques kilomètres plus loin vers la plage Bourg près de Saint Jean du Doigt. 

Heureux oui, mais c’est pourtant bien à partir de là que les choses vont se corser. Le paysage change assez radicalement, toujours magnifique, beaucoup plus plat au premier abord. Le temps s’assombrit à nouveau. Le chemin de plus en plus détrempé devient tortueux, gras et lourd. La fatigue se fait sentir. Au bout de quelques kilomètres nous décidons de faire une halte pour déjeuner au milieu d’un sentier arboré un peu plus à l’abri du vent. Nous ne nous attardons pas car le climat n’est pas très hospitalier et il nous faut progresser!

Le chemin à parcourir entre la plage de Saint Jean du doigt et notre point d’arrivée se révèle rugueux et exigeant. Les sentiers sont escarpés et les dénivelés n’ont rien à envier aux pays de montagne. Gwenaëlle crapahute à l’avant apparemment sans fatigue. Pour Florence et moi c’est plus difficile. L’immersion est totale. C’est à la fois magnifique et inquiétant. Nous ne croisons personne. L’air est vif, le vent souffle très fort.  Florence m’a inspiré quelque inquiétude lors d’une descente mais s’en est finalement bien sortie !

Nous cheminons et progressons bien. Heureux de relever ce défi face aux éléments. 

Trois ou quatre kilomètres avant notre point d’arrivée nous faisons une courte halte. Gwenaëlle toujours alerte décide de poursuivre par le chemin côtier. Florence et moi décidons de continuer par la route, bien moins escarpée. Nous tenons à la fois à aller jusqu’au bout et à gérer notre fatigue. Nous voilà un peu comme deux complices !

Une heure plus tard nous nous rejoignons sur le parking à l’arrière de la plage de Vilin Izella au Prajou. Mon ami Michel de Morlaix est venu nous chercher en voiture pour nous reconduire à notre point de départ au port du Diben. C’est un plaisir de le revoir ! 

Un plaisir aussi d’avoir parcouru et vécu ensemble ces moments forts et si contrastés. Merci vraiment Gwenaëlle nous donner ces occasions de vivre ces temps suspendus entre deux parenthèses du quotidien. Et pour tout te dire, je ne pensais pas relever le défi de vivre un tel moment après une nuit sans sommeil !

Étape 58 - Le Diben / Le Prajou 1 - La Marche des Femmes Invisibles
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